Pesticides : bien choisir ses fruits et légumes

Chaque été, c’est le même rituel : on se régale de fraises juteuses, de pêches parfumées, de tomates gorgées de soleil. Mais derrière cette profusion de couleurs se cache une réalité moins réjouissante. Une large part de ces fruits et légumes d’été — non bio — sont parmi les plus contaminés par les pesticides. Et ce n’est pas une vue de l’esprit : certains contiennent jusqu’à 20 résidus chimiques différents, même après lavage.

Le plus inquiétant ? Cet “ assaisonnement “ toxique connu et largement documenté par la littérature scientifique est minimisé par les politiques publiques. Le 8 juillet dernier, l’adoption de la loi Duplomb est venue asséner un nouveau coup dur à l’agriculture biologique, tout en envoyant un signal désastreux à tous ceux qui œuvrent pour une alimentation plus saine, plus durable, plus vivante.

Alors oui, manger bio peut coûter plus cher. Et pour beaucoup, ce n’est pas toujours possible. Mais choisir quelques produits stratégiques en bio — notamment les plus traités — c’est déjà un geste de protection (et de pouvoir 💪) puissant, pour soi, pour ses enfants, pour la planète. 

Un petit acte concret qui prend tout son sens dans un contexte où l’engagement politique va de travers (c’est le moins que je puisse dire 🤬).

Dans cet article, vous trouverez la liste des des fruits et légumes qu’il vaut mieux choisir en version biologique et des gestes simples pour agir à votre échelle, sans culpabilité, mais avec lucidité et gourmandise.

1. Au fait, c’est quoi les pesticides ? ☠️

C’est une substance chimique (ou parfois d’origine naturelle) utilisée pour tuer ou repousser des organismes vivants qui sont considérés comme nuisibles pour les cultures, les animaux (dont nous faisons partie), la biodiversité ou les produits stockés.

Il en existe plusieurs grandes familles selon leur cible :

  • herbicides : contre les  » mauvaises “ herbes (glyphosate)

     

  • insecticides : contre les insectes (réautorisation de l’acétamipride par la loi Dumplomb)

     

  • fongicides : contre les champignons et moisissures

     

  • et autres raticides, nématicides, etc

En résumé : un pesticide n’est pas un produit anodin. Il est conçu pour tuer (comme tous les mots auxquels est ajouté le suffixe -cide), parfois avec une très grande efficacité. Et bien que leur but soit de protéger les plantes ou les récoltes, ces substances peuvent aussi avoir des effets secondaires sur d’autres formes de vie, y compris sur l’être humain.

a ) Et notre santé dans tout ça ? 

D’après les travaux de l’INSERM, une exposition prolongée ou répétée à certains pesticides est associée à des risques accrus :

  • de cancers (système lymphatique, prostate, foie…)

     

  • de troubles neurologiques (maladies neurodégénératives : déclin cognitif, Parkinson, Alzheimer; troubles du développement chez l’enfant)

     

  • de perturbations hormonales et de fertilité

Les risques concernent les professionnels exposés (agriculteurs et leur famille, ouvriers), mais aussi les riverains, les femmes enceintes, les enfants, ou encore les consommateurs, via l’alimentation ou l’eau.

b ) Et la planète ?

Les pesticides ne s’arrêtent pas là où on les pulvérise : ils peuvent contaminer l’eau et les nappes phréatiques, l’air, les sols, et nuire à de nombreuses espèces non ciblées, comme les abeilles (tuées par les néonicotinoïdes, insecticides autorisés par la Loi Duplomb), les vers de terre ou encore les oiseaux.

2. Le top 5 des fruits et légumes les plus contaminés en France

Selon une enquête réalisée par Générations Futures, entre 2017 et 2021, sur près de 2 000 échantillons de fruits et légumes non bio vendus en France, 62 % d’entre eux contiennent au moins un résidu de pesticide quantifié. 

Les plus contaminés sont :

Le top 5 des fruits  🍒🍊 🍑 🍇 🍊

cerises (93,8 %), pamplemousses (91,1 %), pêches/nectarines (90,2 %), raisins (88,3 %), clémentines/mandarines (87,2 %)

Le top 5 des légumes 🥔 🍈 🧅 🥬 🥕 

 céleris-raves (78,3 %), melons (69 %), endives (67,7 %), herbes fraîches (67,3 %), panais (61,1 %)

⚠️ Résidus dangereux détectés 
  • Dépassements de la Limite Maximale en Résidus (LMR) particulièrement fréquents : dans les fruits de la passion (37 %), ananas (22,6 %), et grenades (18,8 %)
  • Pour les légumes, les herbes fraîches (13,8 %), céleris-raves (12,7 %) et salades (12,1 %) sont les plus concernés

👉 Quelques fruits et légumes les moins traités aux pesticides, selon l’enquête :

la figue, le maïs sans ogm, la betterave, le chou-fleur, la patate douce, l’oignon, le potiron, le brocoli, le kiwi

 

🍅 Ce que nous révèle l’infographie de Paula Simonetti 🍅

Cette infographie publiée par Courrier International, basée sur des données solides, met en lumière une réalité peu visible à l’œil nu : de nombreux fruits et légumes que nous consommons quotidiennement sont contaminés par des résidus de pesticides, parfois en grande quantité. C’est particulièrement le cas des fraises, cerises, raisins, épinards ou encore du chou kale, qui figurent parmi les plus exposés. À l’inverse, d’autres aliments comme les avocats, oignons ou pastèques en contiennent beaucoup moins. Ces informations sont précieuses pour mieux orienter nos choix : en privilégiant le bio pour les produits les plus sensibles, on réduit notre exposition, on agit pour notre santé et celle de nos enfants, tout en soutenant une agriculture plus respectueuse du vivant. 

3. Les 15 fruits et légumes les moins traités en pesticides, selon l’étude 2025 de l’Environmental Working Group

Chaque année, Environmental Working Group (EWG), ONG américaine indépendante, publie deux listes incontournables, basées sur l’analyse de milliers d’échantillons :

EWG est connue pour son travail de vulgarisation : ses listes annuelles comme le Dirty Dozen et le Clean Fifteen ont un impact pédagogique fort, notamment auprès du grand public.

L’ONG s’appuie sur des données officielles : notamment celles du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) et de la FDA. Elle ne produit pas de données elle-même, mais les interprète à partir de bases de données publiques.

L’organisation milite pour des réglementations plus strictes sur les pesticides, les additifs et les résidus chimiques, dans une logique de principe de précaution.

Les listes pour 2025 : 

À privilégier en bio 🍑 les 12 du “ Dirty Dozen ” ou sale douzaine 

  1. Epinards
  2. Fraises
  3. Chou Kale
  4. Raisins
  5. Pêches
  6. Cerises
  7. Nectarines
  8. Poires
  9. Pommes
  10. Mûres
  11. Myrtilles
  12. Pommes de terre
  • Poivrons doux et piments forts
  • Haricots verts

À acheter non bio si nécessaire🌱 les 15 du “ Clean Fifteen ” ou quinzaine propre 

  1. Ananas
  2. Maïs sans OGM
  3. Avocat
  4. Papaye
  5. Oignons
  6. Petits pois
  7. Asperges
  8. Chou
  9. Pastèque
  10. Chou-Fleur
  11. Bananes (privilégier le bio idéalement, les bananeraies antillaises ont été massivement polluées par le désastreux chlordécone)
  12. Mangue
  13. Carotte
  14. Champignon
  15. Kiwi

4. 7 gestes simples pour réduire les pesticides

Tout le monde n’a pas accès au bio, mais on peut quand même réduire son exposition aux pesticides avec des gestes simples, concrets et accessibles.

 1. Bien laver les fruits et légumes

  • lavez-les à l’eau claire en les brossant doucement si possible (pommes, poires, concombres).
  • pour certains produits, un bain au bicarbonate de soude (1 c. à soupe/L d’eau, 10 à 15 minutes) peut aider à éliminer une partie des résidus en surface. Voir la vidéo ici.

2. Éplucher quand c’est nécessaire

  • la peau contient souvent le plus de résidus, surtout sur les fruits (pommes, agrumes, raisins)
  • quand on ne peut pas consommer bio, éplucher les légumes-racines (carottes, pommes de terre, betterave) ou les fruits à peau fine (pêche, nectarine)

3. Privilégier les fruits et légumes de saison et locaux

  • ils sont souvent moins traités (moins de conservation longue durée) et plus frais, donc moins de besoin de traitements post-récolte.
  • en achetant au marché local ou à la ferme, on peut parfois discuter avec les producteurs sur leurs pratiques.
  1. Varier les aliments

  • manger toujours les mêmes produits augmente le risque d’exposition aux mêmes pesticides
  • en diversifiant les fruits, légumes et céréales, on limite la concentration de substances répétées dans l’organisme
  1. Soutenir les circuits alternatifs

  • de nombreuses AMAP, coopératives ou paniers solidaires proposent des produits à prix réduits, parfois en conversion bio ou des magasins en ligne comme La Fourche bio qui “ casse les prix sans casser les producteurs “ (leur slogan)
  • il existe aussi des réseaux d’anti-gaspillage alimentaire (type TooGoodToGo ou  Nous Antigaspi) qui proposent des paniers de fruits et légumes dits déclassés à moindre coût
  1. Cuisiner plus à partir de produits bruts

  • moins on achète de produits transformés, moins on est exposé aux résidus cumulés de pesticides, d’additifs, etc. Cuisinons ensemble ! 🥰
  • les céréales, légumineuses, légumes secs ou surgelés nature sont souvent abordables et plus sains

7. Utiliser des ressources gratuites pour s’informer

Des applis comme Yuka, Open Food Facts ou l’UFC-Que Choisir permettent de scanner les produits ou de mieux choisir les moins traités.

 

 

Pas besoin de tout changer. Mais commencer par quelques produits bio, c’est déjà beaucoup. Quel geste allez-vous adopter cet été ?