Moins de steak, moins de sueur ? Réduire la viande pour rafraîchir son assiette (et le climat)

Je suis née et j’ai grandi à La Réunion. Autant dire que la chaleur, je connais. Les étés humides à rallonge, les salles de classe à 45 degrés, les cyclones tropicaux, la valse des moustiques tigrés affamés, les après-midis où même les murs des cases en tôle semblent transpirer…et l’eau du lagon à 28° C 💙. Mais là, en ce moment, ici à Niort et sur une grande partie de l’hexagone… c’est autre chose depuis 15 jours. 

Ce n’est plus de la chaleur, c’est une chape. Une chaleur qui étouffe, qui fatigue, qui met en colère, qui fait oublier ce qu’on voulait faire dix minutes plus tôt. 

Ce n’est pas juste « un été un peu chaud ». Un « été  » qui a commencé précocement au printemps et qui s’étire comme une alerte silencieuse. 

Et ce qu’on vit ces jours-ci, ce n’est pas un hasard, ni une malédiction météorologique. C’est un symptôme.

Un symptôme de ce qu’on appelle le dérèglement climatique. Celui qui transforme nos étés en épreuve de survie, et nos nuits en marathons de transpiration. Pour plus de réflexion ? 

Et ce climat, il ne se dérègle pas tout seul.

Il se dérègle parce que nos activités liées à l’usage des énergies fossiles, des voitures thermiques, de agriculture intensive ou de l’alimentation industrielle produisent des gaz à effet de serre.

L’alimentation, à elle seule, pèse environ un quart de notre empreinte carbone en France. Et devinez quoi ? Ce quart n’est pas réparti de manière uniforme : la viande – en particulier la viande rouge – en occupe une grosse portion. Et toutes les viandes n’ont pas le même poids dans la balance. La viande rouge – bœuf, agneau, veau – est de loin la plus émettrice. 

Doit-on urgemment réduire la viande pour rafraîchir nos assiettes et le climat ? 

Faut-il devenir végétarien pour moins de sueur et plus de saveurs ? 

Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt les amateurs de barbecue ou les fans de burger saignant. Non. Juste de tisser un lien tout simple entre ce qu’on mange, la planète qui surchauffe, et ce qu’on peut faire (sans transpirer) pour alléger tout ça. Avec douceur, légèreté, et peut-être même un peu de fraîcheur (et de gourmandise !) au menu.

1. Plats & climat : un combo insoupçonné

Quand on parle d’écologie, on pense d’abord aux trajets en avion, aux SUV, aux centrales à charbon… mais rarement à notre assiette. Et pourtant, la façon dont on mange a un impact direct sur le climat.

Ce n’est pas de l’écologie de comptoir, c’est un fait : selon l’ADEME, l’agence française pour la transition écologique, l’élevage est responsable d’environ 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – c’est plus que l’ensemble du secteur des transports mondiaux réunis. Et dans tout ça, le bœuf tient le haut du panier.

Un kilo de bœuf, c’est en moyenne 27 kg de CO₂ émis, contre 2 kg pour les légumineuses comme les lentilles ou les pois chiches. Pourquoi un tel écart ? Parce que les vaches ruminent (et produisent du méthane, un gaz presque 30 fois plus réchauffant que le CO₂), qu’elles ont besoin de grandes surfaces pour paître ou produire leur alimentation, et que leur transformation en steak nécessite beaucoup d’énergie, de la fourche à la fourchette. Et ce, même lorsqu’elles sont bien nourries et élevées localement. 

Et puis il y a tout ce qu’on ne voit pas :

  • les forêts, notamment en Amazonie, sont massivement défrichées pour cultiver du soja (et de l’huile de palme)… non pas pour faire du tofu, mais pour nourrir les animaux d’élevage
  • les quantités d’eau mobilisées
  • les transports et la réfrigération

Sans compter sur tout ce qui finit dans nos poubelles. 

Bref, notre plat du jour a parfois plus voyagé (et pollué) que nous ces trois dernières années.

Mais l’idée ici n’est pas de dire « mangeons tous des pois chiches (même si j’adore ça) pour sauver le monde ». Non. L’idée, c’est de voir à quel point réduire un peu la viande dans notre quotidien, surtout la viande rouge peut avoir un vrai effet positif – pour la planète, mais aussi pour notre confort thermique et notre santé (augmente les risques de cancer colorectal, du sein, maladies cardiovasculaires, etc…).

Et la bonne nouvelle ? Il ne s’agit pas forcément de devenir végétarien du jour au lendemain. Il suffit parfois de remplacer une portion de viande par semaine par un plat végétarien (nourrissant et gourmand of course !) pour faire une différence. J’aime bien appeler cela la stratégie des petites bouchées 😋.

2. Quelques recettes pour rafraîchir nos assiettes 

👉🥗 remplacer la viande par des légumineuses… mais version savoureuse

Oublions les lentilles tristes de la cantine ! Une salade aux pois chiches croustillants (je les aime d’amour, je vous ai prévenus), des tacos aux haricots rouges, ou un dhal bien épicé, ça change tout. Les légumineuses sont riches en protéines, rassasiantes et très économiques. Bonus : ce que tu gagnes en émissions de CO₂ en troquant un steak pour un dhal de lentilles, c’est à peu près l’équivalent d’un trajet en voiture de 50 kilomètres.

👉🌱 commencer par un repas végétarien par semaine (ou par jour, le soir idéalement pour respecter au mieux les rythmes biologiques et une digestion-friendly)

Le fameux lundi sans viande, ou mieux encore :  » un déjeuner veggie au bureau « . C’est un petit changement qui a un grand impact sur le long terme. Et puis, c’est l’occasion de découvrir de nouvelles recettes et saveurs !

👉🍛 miser sur les bons substituts, sans chercher à “ imiter ”

Inutile de foncer sur des steaks végétaux ultra-transformés (même si ça peut dépanner de temps en temps, ah charge mentale quand tu nous guettes). Un houmous un peu twisté, une galette de pois cassés ou un tofu bien mariné peuvent être des alternatives délicieuses, quand on les cuisine avec goût et beaucoup d’amour.

👉📉 réduire les portions, sans tout supprimer (commencer graduellement pour des changements durables)

Pas besoin de couper net. Parfois, juste diviser par deux la quantité de viande dans un plat ou choisir une viande moins impactante (le poulet, par exemple 🍗 c’est 5,7 kg CO₂ VS 🥩 le boeuf : 49,89 kg CO₂) suffit à alléger son empreinte carbone.

👉🍽️ transformer ses classiques en version végétale

Bolo ou hachis aux lentilles, chili sin carne, lasagnes aux légumes… Les plats préférés de la famille peuvent devenir veggie sans perdre en gourmandise. C’est ludique à tester, et souvent bluffant pour les papilles !

En résumé : plus de végétal, moins de viande = plus de fraîcheur ❄️

Augmenter le végétal et réduire la viande, surtout la viande rouge, ce n’est pas une punition ni une mode. C’est une formidable opportunité :

  • pour faire du bien au climat
  • agir pour la biodiversité et le Vivant
  • pour prendre soin de sa santé
  • et explorer une cuisine végétale plus créative, plus légère… et souvent plus économique (on cuisine ensemble en atelier🤗)

Changer nos habitudes ne veut pas dire renoncer au plaisir. Au contraire : c’est souvent l’occasion de découvrir de nouvelles saveurs, d’élargir sa palette culinaire, de sortir des sentiers battus du steak-pâtes du mardi soir. Et franchement, quand il fait 39 °C dehors, qui a envie de manger un cassoulet ? 😅

Alors oui, face à la canicule, on peut râler, s’éventer, ou s’acheter un ventilateur.
Mais on peut aussi réchauffer un peu moins le climat en cuisinant autrement. Avec conscience. 

C’est doux, c’est bon, c’est puissant.

Et ça commence dans l’assiette. 🌍💚

SOURCES 

https://www.inserm.fr/actualite/impact-consommation-viande-rouge-ne-serait-pas-limite-risque-cancer-colorectal/

https://reseauactionclimat.org/thematiques/alimentation/

https://economie-circulaire.ademe.fr/alimentation-durable

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